Évoluer, progresser, exprimer son ambition

Emmanuel Degrève - Syneton Talks podcast
Dans un monde en mutation, nous devons tous évoluer ; nous ne pouvons pas continuer à travailler en nous disant « Cela restera ainsi tant que je serai là», comme nous l'avons tous vécu l'année passée.

Quelles évolutions Emmanuel Degrève envisage-t-il à long terme ? Chaque année, des changements interviennent dans les domaines juridique, législatif et fiscal. Sans oublier la numérisation et l'automatisation. Comment tout cela peut-il encore être combiné ? Comment relever au mieux tous ces défis ?

Voici le podcast :

Et la vidéo :

Cette vidéo est disponible sur YouTube (sous-titrée en FR et NL) ainsi que sous forme de podcast sur Spotify.
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5 choses pour vous inspirer :

  • Après la crise sanitaire, nous devons veiller à ce que les liens entre les personnes soient à nouveau renforcés.
  • Ce n'est pas parce qu’on annonce un rétablissement, qu'il sera un fait.
  • Le secteur de la comptabilité peut se réinventer, tout comme d'autres secteurs.
  • L'humanité est le mot clé
  • Travailler ensemble est essentiel

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Le monde évolue rapidement et nous devons nous adapter, dans tous les domaines, au monde de demain. Dans cet épisode, Valérie Thys s'entretient avec Emmanuel Degrève, conseiller fiscal, associé fondateur de Deg & Partners, entrepreneur en série, président du Forum For the Future.

La profession de comptable a beaucoup changé au cours des deux dernières décennies ?

Elle a en effet beaucoup changé, et je ne parle pas seulement de l'automatisation. Il s’agit vraiment de transformation, en ce qui concerne le rapport au travail, le sens de la vie, le rapport à la consommation.

Vous êtes non seulement le chef du Forum for the Future, mais aussi un expert fiscal, un associé chez Deg & Partners...

Notre bureau a considérablement évolué. Il y a trois ans, nous n'étions qu'une douzaine, aujourd'hui nous sommes plus de 25, y compris les employés à l'étranger. Cette croissance a été à la clé de notre transformation.

Quels changements voyez-vous à court terme ?

La question principale n'est pas celle de l'automatisation, mais celle de savoir comment, après la crise sanitaire, nous pouvons rétablir les relations brisées entre les personnes. Cette crise a choqué les gens. Les employés devaient travailler à domicile, et ils doivent à présent revenir partiellement au mode de travail collectif et traditionnel.

Nous devons rassembler ces personnes autour d'un véritable projet d'entreprise, un projet d'avenir qui rassemble et motive les gens.
L'aspect humain devient un élément plus central, essentiel dans notre profession, car nous vendons un savoir-faire.

Les gens ont quelque peu perdu le lien avec l'entreprise. Comment allons-nous les rassembler et donner à nouveau du sens ? Quelles sont nos réponses aux doutes soulevés par cette crise ?

Était-il difficile pour les comptables de travailler à domicile ?

Ce bouleversement s'est produit en plusieurs vagues. La première vague nous a surpris. Je pense que ça s'est mieux passé que prévu.

Tout le personnel et le bureau ont fait preuve d'une mobilisation et d'une capacité d'adaptation extraordinaires. Nous en avons profité pour créer un lien spécial avec nos clients.

Nous avons décidé d'offrir certaines choses à nos clients pour leur prouver qu'ils pouvaient compter sur leur cabinet même dans des situations difficiles.

Le plus difficile, c'est qu'il y a eu une certaine fatigue, entraînant le report des innovations sur le plus long terme.

De nombreuses entreprises réalisent désormais que les liens sociaux sont vraiment fondamentaux. Et ces liens sociaux ont beaucoup souffert.

Nous consacrons du temps à renforcer les liens entre les personnes. Il faudra beaucoup investir et se mobiliser autour de cette question pour obtenir des résultats. Ce n'est pas parce qu’on annonce un rétablissement, qu'il sera un fait.

Comment voyez-vous l'évolution de la profession de comptable à plus long terme ?

Il y a les évolutions classiques : moins de codage et plus de création de valeur ajoutée, etc. Mais je pense que la profession va changer beaucoup plus en profondeur.

Tout d'abord, nous devrons convaincre les jeunes que la comptabilité, la fiscalité et le conseil sont des professions qui évoluent comme les autres.

Quand on parle d'une start-up, tout le monde dit « Wôw, génial ! ».

Personne ne pense qu'un cabinet comptable peut être en mode start-up. Pourquoi pas ? Le mode start-up est un mode agile où l'on repense les choses tous les quinze jours. Les start-ups font de petits pas, mais à un rythme rapide. À chaque pas, on peut s’ajuster un peu plus à gauche ou à droite. Pourquoi la comptabilité ne peut-elle pas fonctionner comme une start-up ?

Bien sûr, les autorités doivent aussi réaliser que certaines règles devront être assouplies.

Nous devons réussir à repenser la profession comme changeante, tout comme les autres secteurs. Nous devons vraiment réinventer les choses, comme le font les autres, sans complexe et sans conservatisme. C'est ce que nous essayons constamment de faire avec le Forum for the Future.

Les employés doivent être agiles, comment stimuler cela ?

L'agilité chez les autres est toujours souhaitable, mais pour vous-même, ce n'est pas forcément la meilleure chose. C'est aussi une question de personnalité.

Il y a des gens qui aiment évoluer et qui se réjouissent du changement. La plupart des gens n'aiment pas trop le changement, ils recherchent la sécurité. C’est ce que la crise sanitaire a également montré.

Nous devons expliquer à nos employés que le changement n'est pas un problème. Je disais à l’instant que nous devons investir dans l'humain. Je pense qu’on peut obtenir une agilité proportionnelle à l'investissement qu’on fait dans les personnes.

Si vous l'expliquez et consacrez du temps aux gens, si vous dites : « Ce serait bien que vous le fassiez dorénavant ainsi », alors vous obtiendrez de meilleurs résultats que si vous décrétez un monde numérique, agile et transformateur sans donner d’explications.
Le temps que vous passez avec les gens est crucial pour obtenir une transformation réussie.

Chaque année, des changements juridiques interviennent, en plus de la numérisation et de l'automatisation. Comment combinez-vous tout cela ?

C'est très complexe pour les clients, et ce n'est pas facile non plus pour les employés. S'il y avait une formule magique, tout le monde l'utiliserait déjà.2

Vous connaissez la théorie de l'effondrement ? À un moment donné, on pousse tout tellement à bout que ça s'effondre. Plusieurs chercheurs de pointe ont développé cette théorie en 1971 et la mettent à jour tous les 10 ans. Nous sommes en 2021 et 50 ans plus tard cette théorie est effroyablement concrète.

Je fais un parallèle avec cette théorie car aujourd'hui, dans les cabinets d'expertise comptable, on pousse beaucoup de choses au maximum : Comment tirer le meilleur parti de nos employés ? Comment tirer le meilleur parti de notre relation avec l'Etat ? Comment tirer le meilleur parti de notre relation avec le client ?

Ces trois facteurs sont essentiels pour nous.

Comment tirer le meilleur parti de l'employé sans l'épuiser ? Le burnout n'est pas une mince affaire. Comment dans la pratique, répondre intelligemment à la pression exercée sur les employés afin qu'ils ne s'épuisent pas ?

Un cabinet comptable moderne aura des réponses à ces questions. Comment trouver l'équilibre ?

Vous savez qu'aujourd'hui il y a une pression sur les tarifs. Ainsi, les grands peuvent essayer de gagner contre les petits. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne stratégie à long terme. C'est là un deuxième équilibre d’une importance capitale.

Un troisième équilibre concerne la relation entre la profession et l'État. L'État est de moins en moins à l'écoute de ce que la profession lui demande. Qu'il s'agisse d'investissements, de ressources pour nous permettre d'exercer correctement notre profession ou de responsabilité. On ne peut pas demander à un comptable d'être responsable de tout un tas de choses. Il doit avoir une responsabilité limitée, proportionnelle et raisonnable par rapport aux enjeux de sa mission. Le gouvernement le comprend de moins en moins. Là aussi, il faut trouver le bon équilibre.

Sans cela, à un moment donné, les gens diront « je ne travaillerai plus comme ça ».

Si cet aspect est négligé, un bureau ne peut pas se développer durablement. Alors chaque jour est une lutte. Un professionnel a-t-il envie de se battre tous les jours ?

Faut-il être un partenaire de votre client ? Les clients exigent de plus en plus, comment gérez-vous cela ?

Je pense que les clients, comme les employés, ont besoin de contact humain. Si vous pensez que c'est une bonne idée de réglementer les relations comme le font les services clientèle des très grandes entreprises, je pense que vous avez tort.

La plupart de nos clients en Belgique sont des indépendants ou travaillent dans de petites entreprises. Ce sont de petits acteurs, la Belgique est un pays de micro-entités. Ces personnes ont besoin de contact humain.

Comment devenir très bon dans son métier ? Cela commence par la manière dont vous intégrez les données, dont vous leur donnez un sens et dont vous entretenez la relation. Pour ce faire, il ne suffit pas de prendre le meilleur tableau de bord.

Comment le Forum répond-il à toutes ces questions ? En quoi cela aide-t-il les auditeurs ?

La crise sanitaire a également été très lourde pour le Forum. Avant la pandémie, nous étions un grand salon. Nous avions déjà dû annuler deux fois à cause de la menace terroriste, mais la crise sanitaire était pire. Parce que nous ne recevons pas de subventions. 
Du jour au lendemain, nous avons eu un grand vide et il faut alors se réinventer. Nous avons vu cela comme une opportunité. C'est pourquoi nous avons développé des nouveautés pour nos professionnels.

L'ADN du Forum est de parler de l'avenir. Nous voulons présenter le secteur de manière positive et faciliter les échanges entre les personnes, afin que les meilleures pratiques et expériences puissent circuler et que ceux qui ont une idée géniale, un super logiciel ou un service particulier, puissent en parler aux autres. Nous voulons être un environnement stimulant.

Mais cela ne peut se faire en s'appuyant uniquement sur un congrès. Nous avons voulu créer un fil conducteur permettant aux professionnels de s'y retrouver tout au long de l'année. 

Nous avons lancé ce projet il y a deux ans, avant la crise. Nous avons lancé une stratégie de contenu, un blog, rassemblant la plupart des contenus dans le domaine. Trois ou quatre articles par jour, en néerlandais et en français. Totalement gratuit, disponible pour tous les professionnels.

Petit à petit, nous continuons à développer ce projet. Le 1er mai, nous avons lancé Off Course, avec des sessions de formation de 75 minutes qui sont diffusées. Chaque jour, il y a une formation en néerlandais et en français. À la fin du premier semestre, nous avions 80 capsules. Cela représente plus de 100 heures de formation. Nous lancerons un deuxième volume au cours du second semestre de l'année.

Et puis il y a le troisième volet, le congrès. Dans un nouveau format, mais certainement en face à face. Nous avons déjà fait l'expérience qu'il est agréable de se retrouver.

Je terminerai par un point essentiel. Le Forum est né de la volonté de travailler ensemble. C'est vraiment essentiel. La coopération est à la clé de la réussite future. Nous vivons dans un monde difficile, avec de nombreux doutes, de nombreuses incertitudes et de nombreuses sources possibles de conflits. La seule façon d'éviter les conflits, c’est de travailler ensemble.

Si tout le monde travaille ensemble, nous y arriverons. C’est ce qu’essaie de créer le Forum, avec tous les fournisseurs de solutions.
Cette année, nous accordons une attention particulière au développement d'une relation plus coopérative avec l'État.

Nous essayons vraiment de voir comment le Forum peut apporter sa petite contribution au secteur aux côtés de l'institution beaucoup plus puissante et investie qu'est le gouvernement.

Syneton Talks

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